PORTFOLIO: What's left, France: Ce qu'il en reste

Lino Giacomel, 14 ans, VillegailhencJe venais de rentrer en sixième, c’est un passage... Le lundi 15 octobre, il y avait une sortie scolaire prévue dans une grotte. Le dimanche soir, je prépare tout,le pique-nique, mes affaires, c’est la hype. Du coup, j’ai eu du mal à m’endormir. Je finis par m’endormir vers 1 h du matin, avec la pluie qui tombe sur le véluxde ma chambre. Ma mère vient me réveiller à 5 h avec la lampe de son téléphone : « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas école; la mauvaise, c’est qu’il y a une catastrophe naturelle.»Je ne comprends pas, j’essaie d’allumer les lampes. Rien ne marche. Je descends les escaliers, le chien arrive à la nage. On est sorti de la maison à 8 h 30.Pour moi, ça s’est passé vite. Mes parents ne m’ont pas réveillé plus tôt,pour pas que je sois traumatisé.On a eu deux mètres quatre-vingts dans le salon. Ce qui m’a le plus marqué, c’est le réveil, l’eau, la pluie qui fracasse mon vélux. Je ne comprenais pas pourquoi ça m’arrivait à moi. Je ne m’attendais pas à vivre ça.À la moindre pluie, on y repense. Mais pourquoi on se ferait inonder une deuxième fois ? C’est quelque chose que je redoute, ça me traumatise vraiment. Je n’ai pas peur, mais je reste sur mes gardes. Je prévois de monter des affaires à l’étage. Je suis parti vivre chez ma grand-mère. Quand je suis revenu, je parlais beaucoup à mes copains. Ça m’a pas mal perturbé, car je devais prendreun bus à Ventenac à huit kilomètres d’ici, pour aller au collège. J’étais content de prendre le bus avec mes copains, et là je devais prendre le bus seul.Le trajet était long.Six mois après, on est revenu vivre ici.Ça fait quatre ans et les travaux ne sont pas tous finis, on n’a pas encorede cuisine. Pour une vie de cinquante ans, ce n’est peut-être pas long, mais pour moi qui n’ai que 14 ans, c’est long ! Une catastrophe naturelle, c’est quelque chose d’imprévu, subitement. Ce n’est pas la volonté de l’homme. Ça traumatise. On n’a pas eu de chance, c’est catastrophique, c’est comme ça.
Ce qu'il en reste

Lino Giacomel, 14 ans, Villegailhenc

Je venais de rentrer en sixième, c’est un passage... Le lundi 15 octobre, il y avait une sortie scolaire prévue dans une grotte. Le dimanche soir, je prépare tout,

le pique-nique, mes affaires, c’est la hype. Du coup, j’ai eu du mal à m’endormir. Je finis par m’endormir vers 1 h du matin, avec la pluie qui tombe sur le vélux

de ma chambre. Ma mère vient me réveiller à 5 h avec la lampe de son téléphone : « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas école; la mauvaise, c’est qu’il y a une catastrophe naturelle.»

Je ne comprends pas, j’essaie d’allumer les lampes. Rien ne marche. Je descends les escaliers, le chien arrive à la nage. On est sorti de la maison à 8 h 30.

Pour moi, ça s’est passé vite. Mes parents ne m’ont pas réveillé plus tôt,

pour pas que je sois traumatisé.

On a eu deux mètres quatre-vingts dans le salon. Ce qui m’a le plus marqué, c’est le réveil, l’eau, la pluie qui fracasse mon vélux. Je ne comprenais pas pourquoi ça m’arrivait à moi. Je ne m’attendais pas à vivre ça.

À la moindre pluie, on y repense. Mais pourquoi on se ferait inonder une deuxième fois ? C’est quelque chose que je redoute, ça me traumatise vraiment. Je n’ai pas peur, mais je reste sur mes gardes. Je prévois de monter des affaires à l’étage. Je suis parti vivre chez ma grand-mère. Quand je suis revenu, je parlais beaucoup à mes copains. Ça m’a pas mal perturbé, car je devais prendre

un bus à Ventenac à huit kilomètres d’ici, pour aller au collège. J’étais content de prendre le bus avec mes copains, et là je devais prendre le bus seul.

Le trajet était long.

Six mois après, on est revenu vivre ici.

Ça fait quatre ans et les travaux ne sont pas tous finis, on n’a pas encore

de cuisine. Pour une vie de cinquante ans, ce n’est peut-être pas long, mais pour moi qui n’ai que 14 ans, c’est long ! Une catastrophe naturelle, c’est quelque chose d’imprévu, subitement. Ce n’est pas la volonté de l’homme. Ça traumatise. On n’a pas eu de chance, c’est catastrophique, c’est comme ça.