Ce qu'il en reste
Jean-Philippe Roucoule, 43 ans, électricien, Saint-Hilaire
À 6 h du matin, devant la maison, il y avait de l’eau, on ne savait pas si c’était
le début ou la fin.
J’ai deux filles de 2 et 6 ans. Ma femme a pris les petites pour monter en hauteur chez mes parents. On a pris le camion avec un copain. On est passé par
en haut. On arrive au pont. Les pompiers nous ont arrêtés. On a fait demi-tour. On est retourné au pont vingt minutes après.
Ma grand-mère maternelle est âgée de 96 ans. Elle habite près de la rivière. On avait installé son lit au rez-de-chaussée quelques jours avant. On décide de passer derrière l’école. Il y a un mètre cinquante d’eau dans le lotissement. Là, on a été inconscients. On traverse et passe les grillages pour aller chez
ma grand-mère. La porte était bloquée, on finit par rentrer. Ma grand-mère était là, elle flottait sur un mètre cinquante d’eau. Je ne sais pas si elle comprenait. Tout a explosé et tout est rentré par les fenêtres. Elle était réveillée, mais
elle ne nous disait rien. Elle n’a pas bougé et c’est cela qui lui a sauvé la vie.
On l’a porté à deux pour la mettre à l’étage. Je lui ai mis des couvertures.
On ne pouvait pas la ramener à pied. L’eau commençait à redescendre. Toujours pas de téléphone. Il était 6 h 45. Pour elle, c’était un rêve, elle n’a pas vraiment réalisé. Puis elle est partie vivre chez ma mère.
Tout le monde a arrêté de vivre, et on a fait du nettoyage...