VIVIANE DALLES

Galerie: Terra Nullius, Australie

TERRA NULLIUS, Australie 

[2010-2012] 

L’expression latine Terra Nullius, désigne une Terre sans maître, une terre vide. Celle-ci peut cependant être habitée, mais ses habitants ne la cultivent pas. Le principe de Terra Nullius fut invoqué lors de la colonisation de l’Australie par les Britanniques, afin de légitimer l’invasion du continent, considérant les indigènes, comme étant une race inférieure vouée à devenir une infime partie de la population, voire à disparaître. Le 28 Avril 1770, l’explorateur britannique James Cook déclare le continent Terra Nullius. Cette déclaration va donner voie à la création d’une colonie pénitentiaire : entre 1788 et 1868, 165.000 condamnés britanniques sont envoyés par bateaux vers ce nouveau continent. Plus de deux siècles après, en 1992, suite à une bataille acharnée pour la reconnaissance des droits fonciers aborgènes, la Haute Cour d’Australie promulgue que le pays n’a jamais été Terra Nullius et invalide rétroactivement ce principe. En 2012, l’Australie, compte plus de 22 millions d’habitants. La forte majorité se trouve en bordure du continent. Cependant, près de dix pour cent occupe toujours le coeur du pays, le Bush et l’Outback, couvrant plus des deux tiers du territoire. Cet essai photographique a été réalisé pour dans l’état du Territoire du Nord et celui de la Nouvelle Galles du Sud.  

En 1928, prenant conscience de l’isolement d’une partie de la population, le Révérend John Flynn créait les médecins volant, Flying Doctor, afin d’aller soigner en avion les personnes dans ces fermes lointaines. En 1944, c’est l’éducation qui sera améliorée, grâce à la radio, l’école par les ondes, School of Air, voit le jour. Encore aujourd’hui les enfants ne vont pas à l’école, mais l’école vient à eux grâce à internet et skype. J’ai croisé le chemin de plusieurs autochtones qui m’ont fait partager une bribe de leur vie, un grain de sable de leur désert. Immensité rugueuse et magnifique, violente et lumineuse, une hostilité qui se laisse apprivoiser si on veut bien en prendre le temps, un lien unique en somme, une histoire personnelle. 

  • Outback, Territoire du Nord, Australie, 2011.
  • Installée à l’arrière d’un restaurant, la seule épicerie à 300 kilomètres à la ronde, offre aux locaux et aux gens du voyage, le strict minimum. Nouvelles Galle du Sud, Australie, 2011.
  • La famille Creed a trouvé un walibi sur le bord de la route auprès de sa mère qui venait de se faire tuer par une voiture. Ils l'ont ramené chez eux afin de le soigner et de s'occuper de lui. Ferme de Cawnalmurtee sur une propriété de 8000 hectares. Nouvelles Galle du Sud, Australie, 2011.
  • Le facteur, Micke (au centre) est venu amener le courrier à la famille Creed. L'occasion d'échanger quelques nouvelles de la ville la plus proche White Cliffs. Nouvelles Galle du Sud, Australie, 2011.
  • Henry, 11 ans, habite avec ses parents et sa soeur Laura, sur la ferme de Cawnalmurtee, de 8000 hectares. Nouvelles Galle du Sud, Australie, 2011.
  • School of the air.  Henry (à droite) et ses autres camarades de classe disperser au travers du désert Australien, sur plus de 1000 kilomètres.  Broken Hills, Nouvelles Galle du Sud, Australie, 2011.
  • Henri, 11 ans au volant du 4x4 de ses parents, communique avec son père par radio. Il est commun dans l’Outback de voir les enfants conduire dès l’âge de 7 ans. Cela peut être utile tant pour le travail quotidien qu’en cas d’urgence. Ferme de Cawnalmurtee, Nouvelles Galle du Sud, Australie, 2011.
  • Point d’eau au milieu du désert pour le bétail. TN,  Australie, 2011.
  • De l’hélicoptère, le pilote repère les bêtes au travers de la rivière Finke asséchée. Une fois les bêtes localisées, il informe par radio les autres membres de l’équipe qui sont à moto et en voiture. Ces derniers prendront le relais pour diriger les bêtes sur les sentiers en direction du lieu de parcage. TN,  Australie, 2011.
  • Pendant la période du mustering *qui peut durer jusqu'à trois semaines, l'équipe dort à la belle étoile. TN,  Australie, 2011. *Rassemblement du troupeau
  • Cassandra, Cassie et Luke se reposent à l'ombre d'un road train. Camion les plus long du monde pouvant atteindre 53 mètres de long.  Le road train va effectuer 3 à 4 voyages par jour et ce pendant 5 jours entre le lieu de parcage et la ferme. A son bord, à chaque voyage, une centaine de bêtes sont réparties sur deux étages. Le prix moyen - selon leur poids - est de 1000 dollars australiens par tête. TN,  Australie, 2011.
  • Cassandra, 22 ans, est l’une des deux seules femmes de l’équipe ayant participé au mustering. Les employés sont nourris, logés et sont payés entre 600 et 800 dollars australiens par semaine. TN,  Australie, 2011.
  • De l’hélicoptère, le pilote repère les bêtes au travers de la rivière Finke asséchée. Une fois les bêtes localisées, il informe par radio les autres membres de l’équipe qui sont à moto et en voiture. Ces derniers prendront le relais pour diriger les bêtes sur les sentiers en direction du lieu de parcage. TN,  Australie, 2011.
  • Une fois les bêtes parquées, il faut compter 4 à 5 jours pour les passer une à une afin de les tatouer, les vacciner, leur couper les cornes avant qu’elles ne soient embarquées pour l’abattoir ou redirigées vers un autre pâturage. Il faut compter 4 à 5 ans en pâturage avant d’envoyer les bêtes à l’abattoir. TN,  Australie, 2011.
  • Shaun, 30 ans, vient de l’Etat du Queensland. Issu d’une famille de trois fils, il est le seul à avoir choisi le domaine agricole. Pour lui, ce sentiment d’espace et de liberté n’a pas de prix malgré la rudesse du quotidien. Le sourire au coin des lèvres, il ajoute timidement : De toute façon, ce n'est pas comme si je savais faire autre chose. Il est nourri, logé, travaille sept jours sur sept, et en tant que chef d’équipe il gagne 230 dollars australiens par jour. TN,  Australie, 2011.
  • Encerclé par les motos, les voitures et les hélicoptères, le troupeau de 2500 bêtes se dirige vers le lieu de parcage. TN,  Australie, 2011.
  • Une fois les bêtes parquées, il faut compter 4 à 5 jours pour les passer une à une afin de les tatouer, les vacciner, leur couper les cornes avant qu’elles ne soient embarquées pour l’abattoir ou redirigées vers un autre pâturage. Il faut compter 4 à 5 ans en pâturage avant d’envoyer les bêtes à l’abattoir. TN,  Australie, 2011.
  • Grande, robuste, sereine, un visage de porcelaine, Sarah, 24 ans, ajuste les derniers réglages sur son tableau de bord. Il faut encore attendre le feu vert de la tour de contrôle et elle pourra enfin décoller. Sarah s’envole pour Tennant Creek à 90 minutes de vol d’Alice Springs. C’est la plus longue tournée pour un facteur dans l’état du territoire du Nord, dont la superficie avoisine les 1.400.000!kilomètres carré pour une population de 221.000 habitants, soit 0.16 habitant par km2. Il faut partir la veille, pour pouvoir commencer dès le lendemain à l’aube : 2000 kilomètres, 13 atterrissages en 8 heures dans une  des zones les plus reculées du territoire.Ici: 6.00 du matin, à la base de Chartair d’Alice Springs, Sarah sort son avion - un Cessna 210 - à bout de bras. Sarah est responsable de l’entretien de son avion et effectue des vérifications systématiques avant et après chaque vol. TN,  Australie, 2011.
  • Toutes les fermes et les communautés isolées ont leur propre piste d’atterrissage. La plupart d'entre elles ont leur avion ou hélicoptère. Cette piste est indispensable, en cas d'urgence pour faire appel aux Flying Doctors, qui peuvent se rendre dans les endroits reculés très rapidement. TN,  Australie, 2011.
  • A chaque arrêt, Sarah ne reste pas plus de 10 à 15 minutes avec les locaux, le calendrier de la tournée est minutieusement établi. TN,  Australie, 2011.
  • Maison typique du Outback, Nouvelle Galles du Sud,  Australie, 2011.
  • La Boxing Tent, tente traditionnelle de boxe ambulante, était en vogue courant XXe siècle en Australie. En 1924, Roy Bell est l’un des premiers à partir sur les routes avec sa caravane. Il deviendra une figure emblématique de la Boxing Tent, connu pour avoir parcouru le Territoire du Nord, l’Etat de Queensland et la Nouvelle Galles du Sud. Michael Karaitiana, son petit fils, baigne très jeune dans l’atmosphère de ce spectacle. Le père de Michael était Maori, sa mère Australienne. Le racisme, Michael l’a vécu au sein de sa famille maternelle qui a rejeté l’union de ses parents. Ainsi, la Boxing Tent, c’est plus que des combats de boxe, c’est une histoire de famille, la mémoire des Bell. Michael arrête l’école et reprend l’affaire à l’âge de 16 ans. Quelque part, il obtient sa revanche, pour l’honneur de son père, une fierté personnelle, pudique, d’arriver encore à faire tourner la boutique.A la première occasion qui se présente Michael charge son bus, embrasse sa femme Mandy et ses cinq enfants, et part sillonner les routes de l’Outback accompagné de quelques boxeurs. Ils se rendent la plupart du temps dans des pubs, des communautés aborigènes isolées ou encore des fermes du Territoire du Nord.Aujourd’hui, Michael est le dernier en Australie à faire vivre le spectacle original de la Boxing Tent, de génération en génération, et déjà, il pense à transmettre son savoir à ses fils, Mikey et Marshall. Le spectacle Bell a encore de la route devant lui.Sur la route pour Darwin, TN, Australie, 2013.
  • Portrait de Marshall, fils de Michael Karaitiana, arborant son tatouage maori. Katherine, TN, Australie, Juillet 2013.
  • Michael, son fils Marshall et Hayden un jeune boxeur déjeunent dans le bus. Afin de pouvoir voyager facilement Michael a équipé son bus comme un petit appartement avec une cuisine, une douche et un lit. Katherine, TN, Australie, Juillet 2013.
  • Michael présente les boxeurs, la foule se forme. Michael a souhaité conserver le principe et le décor de la tente telque son grand-père l’avait pensé. Darwin, TN, Australie, 2012
  • Ce soir, la Boxing Tent bat son plein, avec plus de 200 entrées. Noonamah Tavern près de Darwin, TN, Australie, 2011.
  • Souvent Michael monte et démonte le chapiteau seul. Noonamah Tavern près de Darwin, TN, Australie, 2011.
  • À toujours voyager entre deux mondes, on finit par se créer le sien. Frank Ansell, guérisseur aborigène, White Gate, Alice Springs, TN, Australie, 2011.
  • Parmi les nombreux paradoxes de la capitale de l’intérieur aride et isolé de l’Australie, Alice Springs, est le fait que ses habitants originels vivent à sa périphérie, sans aucune des commodités qui semblent normales et acquises pour la majorité de la population : eau, électricité, et un hébergement décent. Il y a plus d’une décennie, un long processus juridique a entériné le fait que les peuples autochtones, ceux-là même représentés dans le travail de Viviane, avaient titre de propriété - Native Title - sur cette terre dont ils furent les premiers occupants. Alors que vous lisez ces lignes, absolument aucune amélioration n’a découlé de cette reconnaissance.La facilité avec laquelle les Australiens non-autochtones dénigrent leurs peuples premiers pour justifier leur propre sens du droit et de la possession, tourne cyniquement le dos à l’histoire de la colonisation toute entière. Les visages que Viviane laisse briller au travers de ces moments portent non seulement le fardeau difficile d’une existence qui est à réinventer au quotidien, mais aussi celui d’un passé caractérisé par le manque de respect de la majeure partie de la société.Figée en plein centre de la masse continentale, Alice Springs endure des étés à la chaleur de plomb et des nuits d’hiver froides à geler. Ses contrastes climatiques sont aussi spectaculaires que ses paysages rocheux. C’est avec une résilience incommensurable que les peuples du désert persévèrent, contrairement à cent années de prévisions pessimistes de la part d’une majorité qui n’a, en général, jamais voulu les accepter.Ce sont eux qui subissent le plus âprement ces variations climatiques. Eux qui doivent subir le sentiment généralisé d’être des non-personnes ou irritants dans leur propre pays. Eux qui se demandent ce qui motive réellement nos aspirations et nos réponses. Pourtant ils ont conservé leur langue, leurs histoires, leur lien intime à la terre et même aux sites sacrés détruits pendant la construction et le développement de la ville. Ce sont eux qui connaissent toutes les nuances de cette terre et qui savent le mieux faire la différence entre ses simples perturbations passagères et sa nature immuable.© Rod Moss, artiste peintre Australien, Alice Springs, 2012
  • L’Australie est la terre des enfants perdus.Frank Ansell, guérisseur aborigène, White Gate, Alice Springs, TN, Australie, 2011.
  • Feu de bush à Undoolya, qui signifie l’ombre de l’aile de l’aigle. Alice Springs, TN, Australie, 2011.
  • Les Blancs passaient leur temps à vouloir changer le monde, en conformité avec leur vision douteuse du futur. Les Aborigènes eux, consacraient toute leur énergie mentale à conserver le monde tel qu’il était. En quoi cela était-il inférieur ? Frank Ansell, guérisseur aborigène. White Gate, Alice Springs, TN, Australie, 2011.
  • Jour de chasse,  Wetland, près de Darwin, TN, Australie, 2011.
  • Le silence d’Eddy s’impose. Lentement, sa main atteint son paquet de roulées sur le tableau de bord du 4x4. Ses yeux ne quittent pas l’horizon, scrutant le moindre des détails qui pourraient indiquer le passage de quelques bêtes sauvages. Michael, cramponné au volant, couteau et attirail au ceinturon, prêt à bondir à chaque instant, jette des coups d’oeil à Eddy, à la fois inquiet et excité. Pour Michael, la chasse est un défouloir, de la viande pour ses chiens. Eddy connaît bien cette région, ses racines maternelles aborigènes sont ancrées dans ces étendues vertes du Wetland, faisant partie de la région de Kakadu, dans la région tropicale au Nord. Des empreintes de pattes, à la courbure des herbes, en passant par les cercles d’un oiseau dans un ciel bleu vif, rien ne ment à son oeil averti. Au loin, une tache noire derrière un arbre, puis deux, puis trois, toujours en silence Eddy fait signe à Michael, lentement, du bout du doigt, une roulée prête à la main. A peine Eddy allume sa cigarette que déjà Michael a lâché ses chiens et s’enfonce dans le bush à grandes enjambées. Des cris stridents retentissent, c’est sûrement Pepper et Monkey, les chiennes les plus agiles, qui sont déjà accrochées aux oreilles des cochons sauvages.Wetland, près de Darwin, TN Australie, 2011.
  • A l’arrière du bureau de poste local, salon de Gaye et Micke à White Cliffs. Gaye a préparé du pain pour une famille qui vit isolée. Son marie le facteur, le leur amènera pendant sa tournée. Nouvelle Galles du Sud, Australie, 2011.
  • Galerie
    • Ce qu'il en reste, France
    • Histoires d'Eaux, France
    • Journal/covid19, France
    • Delta du Mékong, Vietnam
    • TB en Biélorussie
    • Namaste America, Népal/USA
    • Devenir Mère ado, France
    • Boxing Tent, Australie
    • Terra Nullius, Australie
    • Monsanto, Inde
  • Portrait
  • Institution
  • Résidence
  • Ateliers
    • La Filtaure du Mazel
    • CIP - Visa pour l'Image
  • Expositions
  • Archives
  • Publications
    • Magazines - portfolios
    • Commandes
    • Médecins Sans Frontières
  • Livres
    • Ce qu'il en reste, 2024
    • Histoires d'eaux, 2023
    • Terra Nullius, 2012
  • A propos
  • Contact
  • English

La conception du site © 2010-2025 Neon Sky Creative Media